Kystes ovariens et puberté précoce
Dr Jean-Jacques PERRET
Dr Jean-Jacques PERRET
Juliette est une petite fille de 15 mois qui est amenée par sa mère pour trois problèmes :
Une dizaine d’otites et rhino-pharyngites fébriles, invariablement traitées par antibiotiques et corticoïdes.
Discours de la mère, spontané, discrètement dirigé : « ça coule transparent, ça s’arrête 15 jours, ça reprend, quand elle dort, c’est sec, ça se bouche, elle ronfle et respire par la bouche… toute l’année.
Elle bouge beaucoup, énormément, elle est coléreuse, elle se jette en arrière quand on lui dit non. Elle ne réclame pas sa mère, ni les bras… Elle arrache, elle jette, avec frénésie, elle pousse les enfants, les fait tomber… Elle ne supporte pas les interdictions, mais elle ne frappe pas sa mère… Elle déménage tout, elle brasse sans cesse. Depuis qu’elle marche à quatre pattes, elle grimpe partout, elle est casse-cou, elle n’a peur de rien…
Elle se tend, elle se crispe, elle adore mettre la tête en arrière, se jeter en arrière. Elle dort sur le dos, la tête en arrière, ou sur le ventre.
Elle nous nargue, elle fait des bêtises : elle suce des cailloux en nous les montrant. Elle fait des bêtises pour qu’on s’intéresse à elle ; on ne s’intéresse peut-être pas assez à elle ? Elle descend des bras, les câlins ne durent que quelques secondes !
Elle dort bien la nuit, mais elle bouge beaucoup, elle se découvre, et elle bave en dormant, les draps sont tout humides.
Elle boit bien, surtout du lait. Elle aime manger ce qui est fort, ce qui a du goût, elle n’aime pas les choses fades.
Elle a chaud, elle bouge tellement ! Elle est toujours en transpiration. »
J’ai noté : « remuante de façon frénétique, cherche à tout déglinguer sur son passage ! Eczéma sec débordant de l’aisselle et du pli inguinal droit. Hypertrophie mammaire conséquente (elle a la poitrine d’une jeune fille de 13 ans) sans autres caractères sexuels secondaires. Les mensurations montrent une avance staturo-pondérale à +3DS.
Le remède a été choisi comme toujours sur les symptômes personnels, en privilégiant ce qui est rare, curieux, inusité…
« Elle va mieux, elle est moins agressive, elle arrache moins les choses…Plus une trace d’eczéma, ça a été rapide. Par contre le nez coule transparent depuis 15 jours. Elle est nettement plus sympa, c’est constaté par l’entourage. Elle s’assoit pour jouer, c’est inédit ! La première semaine, elle a eu une diarrhée pas possible, ça s’est arrêté avec la deuxième dose, d’un coup. »
Le bilan hormonal (FSH, LH, HCG, prolactine et oestradiol plasmatique) est normal, par contre l’échographie montre au niveau de l’ovaire droit une structure kystique de 2 cm de diamètre avec 4 nodules liquidiens individualisables.
Le bilan hospitalier montre qu’il s’agit d’une puberté précoce avec quinze mois d’avance au niveau de la maturation osseuse, et une évolution cyclique s’expliquant par des ruptures folliculaires avec poussées d’oestrogénisation expliquant entre autres les symptômes d’agitation et la normalité du bilan hormonal en dehors d’un épisode d’activité kystique.
L’échographie pratiquée trois mois plus tard montre une diminution de moitié du volume des kystes ovariens.
Juliette a reçu sept fois son remède constitutionnel qui entraînera en un an la disparition complète de l’ensemble des symptômes (endocrinologiques, ORL, cutanés, comportementaux) en particulier la disparition des kystes ovariens et la régression totale des glandes mammaires, lui permettant d’échapper au lourd traitement aux analogues de la LH-RH prescrit pour dix ans par le pédiatre-endocrinologue du CHU.
Voici l’analyse que fait ce même pédiatre lorsque Juliette a six ans : « …qui avait présenté il y a maintenant 5 ans une poussée d’oestrogénisation en relation avec un kyste ovarien, qui a été de régression spontanée sans traitement…La situation est tout à fait stable sur le plan clinique, il n’y a aucun développement des caractères sexuels secondaires… »
Comme souvent, les symptômes mentaux, et en particulier les symptômes objectifs de comportement, incontournables dans le cas présent, permettront de faire un premier choix restreint de quelques remèdes.
Les quatre premiers symptômes de la répertorisation suffisent à faire penser à Mercurius. Le 4 fait partie ses petits symptômes précieux parce que peu de remèdes s’y rattachent.
Pour être certain de ne pas nous égarer, il faut enraciner notre prescription par des symptômes physiques personnels, rares, curieux (l’union du corps et de l’esprit doit toujours être présente au moment du choix du remède).
Cette tendance à se jeter en arrière et à projeter la tête en arrière à tout moment doit être retenue, de même la salivation abondante la nuit en dormant. Tout cela est suffisant pour retenir Mercurius en toute certitude. Juliette a reçu une dose en 200K, puis par la suite en XMK.
Les autres symptômes locaux sont cités à titre systématique, mais ils ne sont pas nécessaires à la prescription et sont de peu de valeur. Il ne faut en aucun cas démarrer un choix à partir de ce genre de symptômes.
Ecole Homéopathie Auvergne Rhône-Alpes
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