Cas chronique vétérinaire
ALLERGIE AUX PUCES et PYODERMITE
chez une chienne
Dr Sonja OPOLKA
C’est l’histoire d’une chienne croisée berger belge A., âgée de 4 ans.
Elle est vue la première fois, par mon associé, en février.
Elle souffre de pyodermite sur le dos depuis 3 ans. Cette infection atteint aussi son ventre, notamment autour des mamelles. Cela ne fait que s’aggraver, et c’est particulièrement terrible l’été. Les puces semblent être un facteur aggravant, par allergie aux piqûres des dits insectes !
Voilà comment sa propriétaire décrit A. :
« En été, elle est toujours à l’ombre, le soleil la gêne. Elle pue le pourri. »
« Elle a tendance à être boulimique, c’est la poubelle de table, elle peut manger à se faire « pêter » le ventre. Parfois, elle ne peut plus respirer après. Elle mange voracement et salement, mais elle reste maigre.
Elle pisse très souvent, parfois dans la maison, la nuit. Elle aime les fruits, mange les châtaignes crues, les noix, les amandes, les cerises. Elle mange peu de viande.
Elle est peureuse de tout ce qui lui est inconnu, ça la rend agressive. Elle peut mordre les autres chiens, elle est jalouse en même temps.
Elle fait ce que fait l’autre (sa mère), elle est toujours dans l’ombre de l’autre. Elle a peu de caractère, peu de personnalité, sauf pour la chasse.
Elle ne joue jamais, elle n’est pas joueuse, elle est plutôt éteinte, toujours dans sa niche. Elle ne se réveille que la nuit.
Petite, elle ne faisait que des conneries, elle était destructrice, ça a duré 2 ans.
Elle ne supporte plus rien, les chats, elle leur grogne après !
Elle se met dans une tanière, elle a besoin de se renfermer dans un coin : par exemple, une souche ou sous un arbre. Dans la maison, elle se tient parfois sous le canapé, ou près du poêle. En consultation, elle vient se coucher sous le bureau.
Elle se gratte beaucoup.
Elle est très obéissante si elle n’a pas peur. Elle est très brute, c’est-à-dire qu’elle aime bien chercher les câlins, mais elle peut m’assommer avec sa patte.
Elle n’est pas très intelligente. Elle a l’air triste.
Elle a eu une hystérectomie à 2 ans, parce qu’elle est née avec la brucellose que sa mère a attrapée.
Elle n’est pas fidèle, elle peut partir seule et rentrer seule à la maison. Elle est plutôt casanière.
Elle mange les crottins. Elle a souvent des gaz et des rots.
Elle aime être seule, mais se couche sur sa mère.
Quand elle a beaucoup de prurit, elle bouge sans cesse.
Le pire qu’on puisse lui faire ce serait de la laisser avoir faim, de la priver de bouffe. »
Un premier remède A en 200K est prescrit.
Le mois suivant
« Il n’y a rien de mieux. Il n’y a pas de résultat. Elle se gratte sans arrêt. Elle a les dents usées à force de se gratter. Elle passe sa journée à se gratter. L’odeur de sa peau est vraiment putride. Elle est toujours aussi vorace. Si elle pouvait, elle passerait ses journées à l’intérieur. On sent une grande tristesse dans ce chien. »
Un autre médicament est prescrit : B en 200K
Un mois plus tard
Le résultat est nul.
Une seule chose a changé : elle a un peu grossi.
Changement de prescription : C en 200K
Un mois après
Ça bouge enfin : « les poils repoussent, mais elle a un comportement bizarre, elle se cache. Le lendemain de la prise, c’était pire, elle se grattait sans cesse. »
Renouvellement de C en XMK : 3 jours de suite.
Deux mois et demi plus tard
C’est catastrophique, elle n’a plus de poils sur le dos, les démangeaisons sont très intenses. Il y a une lichénification de la peau (la peau est devenue très épaisse, comme celle d’un éléphant, noire à grise), la chaleur l’aggrave. D’ailleurs, c’est toujours pire l’été. Elle se cache de plus en plus. Elle reste dans la chambre. En même temps, elle ne tient pas en place. Elle apprécie la fraîcheur de la salle de bain. En voiture, elle ne se gratte pas.
On change de nouveau de médicament, D 200K est prescrit.
Onze mois plus tard, en juin
Les propriétaires d’A. reviennent appréhendant l’été qui arrive, et la nouvelle aggravation qui va se manifester.
Cette fois, c’est moi qui vois A. en consultation. Je relis le dossier de mon associé et essaie de me faire une idée personnelle de cette chienne, avec à mon avantage, la connaissance de 4 remèdes qu’il m’est inutile de prescrire !
« Elle est boulimique, insatiable, elle vole dès que possible. Elle mange tout, les fruits, les légumes, les crottes humaines si elle en trouve, animales, celles des ânes en particulier.
Elle est un peu peureuse, assez obéissante.
Elle devient parano, elle perd la tête tellement elle souffre, c’est plus difficile de la faire obéir. Elle était sidérée qu’on l’emmène se promener.
Elle aime bien avoir un toit sur la tête, vaguement frais, comme la salle de bain. Elle passe d’une pièce à l’autre sans arrêt. »
Je la trouve hystérique.
« Cet hiver, elle était plus grasse, elle maigrit quand ça ne va pas. Elle est dominante avec sa mère pour la bouffe, mais pour le reste elle est dans l’ombre de sa mère. Elle ne fait rien d’elle-même, sauf enterrer ses os. Ce qui est à son initiative, c’est de chercher un coin frais. Ce n’est pas de se balader, pour se balader.
Quand elle est bien, elle cherche la compagnie, sinon, elle cherche l’isolement. Elle est toujours avec Mme, finalement elle est plus dans l’ombre de Mme que de sa mère. Mme, c’est la maman. Elle la suit même en plein cagnard. »
J’observe qu’elle est venue se mettre sous mon bureau, dans mes jambes, et que là elle s’est calmée au bout de 5 minutes.
Après une répertorisation, et de longues réflexions hésitantes, je me lance à prescrire un médicament avec déjà l’idée d’une deuxième prescription, si ça ne marche pas !
Donc je prescris X en 30 CH en ce mois de juin.
3 mois plus tard, en septembre
Mme vient dire qu’A. est moins brusque dans ses gestes envers elle, alors qu’elle est enceinte. Elle a des puces, mais compte-tenu de son allergie aux puces, elle va pas mal.
Cependant là, elle va moins bien, parce qu’elle est restée 3 jours toute seule, c’est plutôt beaucoup moins moche que les autres années.
Je fais renouveler X en 30 CH.
2 mois plus, en novembre
Monsieur repasse prendre une dose en préventif, mais en fait, ça va. Je demande donc d’attendre qu’il ait l’impression que ça aille de nouveau moins bien, avant de redonner une dose.
4 mois plus tard, février
Je la revois à l’occasion de son rappel de vaccin : la peau va bien mieux qu’à une autre époque, mais il y a encore de la séborrhée grasse sur les lombes jusqu’à la base de la queue et l’odeur est toujours là.
Elle est toujours maigre, bien qu’elle ait été vermifugée récemment.
Je prescris X en MK.
4 mois plus tard en juin
Je croise les propriétaires d’A. dans la rue, j’en profite pour demander des nouvelles :
« Elle n’a jamais été aussi belle. Elle a un poil superbe, tout va bien, je ne la brosse même plus, tellement son poil est beau ! ». Je conseille tout de même prudemment de traiter contre les puces, comme l’été et les parasites vont arriver (!) et qu’A. est allergique aux puces. Ceci dit, nous sommes en juin, je vois déjà des puces sur les animaux depuis 2 mois !
Suivi à long terme :
Le résultat s’est maintenu avec quelques rechutes ayant nécessité la reprise régulière du médicament homéopathique.
Ce résultat s’est maintenu bien que les puces aient été plus ou moins éliminées l’été.
Les propriétaires d’A. préfèrent les méthodes naturelles, c’est-à-dire souvent l’expectative!
L’avantage lorsque l’on est homéopathe, dans des cas, comme celui-là, c’est qu’il n’est pas pollué par d’autres médications !!!
SOLUTION DU CAS
A= BRYONIA 200K
B = PSORINUM 200K
C = CARBO VEGETABILIS 200K puis en XMK
D = PULSATILLA 200 K
Pour arriver à X, je vais essayer selon la méthode de l’homéopathie uniciste de trouver ce qui est caractéristique chez A.
Les désirs alimentaires (fruit, crottes…) d’A. me paraissent étranges pour un chien.
Elle est améliorée quand elle est seule. J’ai noté que je la trouvais hystérique.
Elle est améliorée par le mouvement.
Finalement après réflexion, recherche dans le répertoire de Kent et la lecture de la matière médicale de Vermeulen, je me décide pour CYCLAMEN.
La tristesse de Cyclamen, son isolement quand ça ne va pas, et qui semble très fort chez Cyclamen, son amélioration par le mouvement. A. ne tient pas en place quand elle a ses crises d’eczéma. Je rapproche la phrase « elle devient parano » du fait que Cyclamen a l’impression d’avoir mal fait donc de ne pas mériter l’amour des autres.
Discussion sur l’évolution du cas
Quand je commence à prendre A. en charge, cela fait 4 ans et demi qu’elle se gratte. Elle est arrivée à un stade d’évolution de sa maladie cutanée tel, que souvent on n’a que de piètres résultats avec la médecine allopathique classique. En allopathie, elle aurait reçu plusieurs semaines (souvent 4 à 6 semaines pour une pyodermite profonde chronique) d’antibiothérapie, éventuellement associée à une corticothérapie pour le phénomène allergique aux piqûres de puces, accompagnée d’un traitement local sous forme de bains toutes les 48 heures, et d’un traitement drastique des puces sur elle, les autres animaux de la maison et l’environnement.
Très souvent, il m’arrive de constater quand c’est ce type de traitement qui est choisi, que les propriétaires finissent par s’habituer à avoir un chien qui sent mauvais, sans poil et qui se gratte. En effet, ce type de traitement est d’une part coûteux et d’autre part si contraignant, que l’observance en est difficile et que peu de propriétaires s’y tiennent. La plupart du temps, j’observe un découragement du propriétaire devant les rechutes de son animal, et si cela devient socialement trop insupportable (le regard de l’entourage, du voisinage), on en arrive parfois à l’euthanasie de l’animal.
Il n’a fallu que 2 doses de CYCLAMEN en 30 CH à 3 mois d’intervalle pour améliorer significativement l’état d’A. . Une MK a fini de lui rendre une peau normale au mois de juin suivant. Elle n’a jamais rechuté au point où elle était quand j’ai commencé à la suivre. Et des doses renouvelées de temps à autre, parfois à plusieurs années d’écart l’ont maintenu en bon état de santé, sans que le traitement des puces, cause déclenchante par excellence, n’ait vraiment été effectué sérieusement.
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